Une filière de céréales locales pour le Sénégal

Septembre 2024

Le Sénégal importe près de 50% de sa consommation céréalière, principalement du blé destiné à la production de farine pour le pain et autres pâtisseries. Cette dépendance alimentaire et économique a été aggravée par les récentes flambées des cours mondiaux, la valeur des importations sénégalaises de blé ayant doublé entre 2019 et 2022, mettant en péril la sécurité alimentaire de la population et révélant la fragilité du système alimentaire sénégalais. L’afflux massif de céréales importées sur le marché sénégalais freine également le développement de l’agriculture locale et des filières agroalimentaires de céréales locales, déjà lourdement impactées par les conséquences du changement climatique.

Dans ce contexte, SOL, en partenariat avec la FONGS-Action Paysanne, soutient depuis 2015 le développement d’une filière durable autour de farines panifiables de mil et de maïs pour contribuer au renforcement de la souveraineté alimentaire sénégalaise et à l’emploi rural.

Traduire concrètement les politiques de souveraineté alimentaire par le soutien aux filières de céréales locales au Sénégal

Le gouvernement sénégalais affiche l’atteinte de la souveraineté alimentaire par la promotion du consommer local comme l’un de ses objectifs principaux. 

L’ambition affichée dans les discours et documents de politiques publiques se traduit trop rarement dans des mesures concrètes de soutien aux filières de céréales locales. A l’inverse, des mesures récentes, comme l’exonération de la TVA sur la farine de blé et la suspension des droits de douane sur le blé, ont renforcé l’avantage concurrentiel de la farine de blé au détriment des céréales locales.

Jusqu’ici axées sur les cultures de rente et les importations, il est nécessaire de favoriser le développement des filières de transformation, essentielles pour valoriser la production et concurrencer les usages alimentaires du blé. Il doit réorienter les politiques de soutien aux cultures de rente et aux importations (comme les exonérations de TVA et de droits de douane sur le blé) vers un soutien renforcé aux céréales locales.

L’Union européenne doit également prendre ses responsabilités face aux conséquences des subventions agricoles européennes qui engendrent une concurrence déséquilibrée entre le blé européen et les céréales produites localement. Une taxe à l’exportation, équivalente aux subventions reçues par les agriculteur·rices européens, devrait être instaurée pour mettre fin à cette forme de dumping.

SOL et la FONGS en action 

Pour parvenir à ces changements, SOL et la FONGS dialoguent avec les pouvoirs publics et les institutions. En décembre 2022, la FONGS a été auditionnée par le Conseil Social, Économique et Environnemental du Sénégal, permettant de proposer des recommandations pour valoriser les céréales locales. En 2023, un atelier a réuni une vingtaine d’acteurs de l’agriculture sénégalaise pour discuter des obstacles et des leviers politiques pour pérenniser la filière des céréales locales. Un plan d’action a été convenu pour rédiger des recommandations à l’intention des ministères et de l’Assemblée nationale.

Parallèlement, SOL et la FONGS participent à des dynamiques multi-acteurs telles que la DyTAES, qui portent conjointement des demandes pour la promotion de l’agroécologie et de la consommation locale, ou encore l’Alliance pour la Transition Agroécologique en Afrique de l’Ouest (3AO), qui porte des demandes au niveau régional.

L’élection en mars 2024 du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, devrait offrir de nouvelles opportunités pour les filières de céréales locales, car la souveraineté alimentaire a été un enjeu central de sa campagne présidentielle.

 

Pour aller plus loin :

  • Retrouvez nos actions sur le terrain, juste ici !
  • Lisez notre rapport et visionnez les vidéos « Afrique de l’Ouest – Union européenne : faire germer une coopération et des échanges agricoles équitables et durables », juste ici !
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