Interview de Suraj Pal Sing, formé à Biofermes Internationales en Inde
Décembre 2017
Suraj Pal Singh : « J’espère pouvoir continuer à sauver la Nature et apporter la prospérité aux prochaines générations. »
Suraj Pal Singh a 63 ans et vit dans le village de Bhugoli (à l’est de l’Uttar Pradesh), en Inde. Paysan indien responsable, il a une famille à charge de 5 personnes dont son fils et son petit-fils. Grâce au projet Biofermes Internationales mis en place en Inde, depuis septembre 2016, par l’association SOL et son partenaire local, Navdanya, Suraj peut se former aux pratiques agroécologiques. Alors qu’il était à la ferme formatrice de Navdanya.
SOL : Quand avez-vous commencé à travailler avec Navdanya et comment avez-vous entendu parler du projet Biofermes ?
Suraj Pal Singh : J’ai commencé à travailler avec Navdanya il y a 3 ans et par la suite j’ai pu intégrer le projet. C’est grâce au coordinateur local de Navdanya du district de Banda que j’en ai entendu parler.
SOL : Qu’est-ce qui vous a particulièrement intéresse ?
Suraj Pal Singh : Je suis très intéressé par l’agriculture biologique. Je voulais en savoir plus sur la possibilité de cultiver en bio sur ma propre ferme mais je souhaite également diffuser ces pratiques et mobiliser d’autres agriculteurs pour ce mode de culture plus responsable.
SOL : Qui est votre interlocuteur à Navdanya ? Le voyez-vous souvent ? S’agit-il de visites individuelles ou de rencontres communes au village ?
Suraj Pal Singh : Notre coordinateur local s’appelle Ramesh Singh. Il vient au village environ 2 à 4 fois par mois. Comme il habite dans le même district, je peux l’appeler quand j’ai besoin de son aide ou de conseils techniques ou autres et il peut ainsi venir rapidement à ma ferme.
SOL : Qu’avez-vous appris grâce à ce projet ? Quel est votre avis sur les activités mises en place ?
Suraj Pal Singh : Grâce à Navdanya et SOL, j’ai appris qu’avec l’agriculture biologique je peux produire plus d’aliments avec une grande qualité nutritionnelle et surtout sans empoisonner mes champs.
En plus, protéger et reproduire nos semences traditionnelles permet de produire une nourriture saine pour la prochaine génération et donc d’être plus autonome.
SOL : Votre femme participe-t-elle au projet ?
Suraj Pal Singh : Toute la famille travaille sur la ferme. Les femmes jouent tout particulièrement un rôle important dans la sélection et la conservation des semences, dans la transformation de la nourriture produite par nos champs et dans le nettoyage des aliments. Durant les périodes chargées en travail, comme la moisson, on emploi également d’autres personnes du village pour nous aider (particulièrement d’autres paysans, avec de plus petites exploitations, qui ont par exemple terminé de moissonner avant nous).
SOL : Quelles sont vos principales cultures ? Avez-vous un jardin potager ?
Suraj Pal Singh : Nous produisons de la nourriture pendant les trois périodes de l’année :
– Durant la Saison Rabi (saison sèche) : du blé, des lentilles et de la moutarde ;
– Durant la Saison Zayad (de février à juin) : des engrais verts et des légumes (citrouille, bitter guard, tori, concombre…) ;
– Durant la Saison Kharif (saison des pluies) : du paddy (riz), du sorgho, des lentilles, du jwaar et du bajara (foin pour le bétail et céréales et légumineuses pour la consommation humaine).
SOL : Comment utilisez-vous votre production ?
Suraj Pal Singh : Nous produisons assez pour notre propre consommation. Si nous avons trop de légumes, nous les donnons à nos voisins et nous vendons nos excédents de blé et de lentilles sur le marché local.
SOL : Avez-vous pu appliquer les techniques enseignées lors de votre formation dans vos champs ? Pouvez-vous donner deux exemples ?
Suraj Pal Singh : Nous avons appris à préserver les meilleures de nos semences et à utiliser les techniques de compostage traditionnelles. Maintenant je n’utilise plus de produits chimiques sur ma ferme et j’ai une bonne production. Cela apporte de l’espoir pour le futur des prochaines générations.
SOL : Avez-vous remarqué des changements dans le climat au cours des 5 dernières années ? Si oui comment cela impacte-t-il votre village et les fermiers ?
Suraj Pal Singh : Les conditions climatiques changent tous les ans. Les trois dernières années ont été très sèches dans notre région. En plus, les pluies ont été très concentrées. Ce trop-plein de pluie a endommagé les cultures comme les céréales ou les lentilles (en particulier dans la quinzaine de jours précédant la moisson). Le gouvernement de l’Uttar Pradesh nous a remis une compensation financière mais ce n’est pas toujours suffisant. Cette année a été une exception : nous avons eu une très bonne production !
SOL : Conservez-vous vos semences ?
Suraj Pal Singh : Nous sauvegardons des semences de toutes les cultures que nous utilisons sur la ferme.
SOL : Qu’attendez-vous du projet Biofermes ?
Suraj Pal Singh : J’espère pouvoir continuer à travailler avec ces acteurs et continuer à sauver les graines et la Nature, améliorer la santé et apporter la prospérité aux prochaines générations.
Interview réalisée à la ferme de Navdanya, en Juin 2017, par Elodie et Nathan, deux élèves ingénieurs à AgroParistech, en stage de césure avec SOL en Inde.
Pour en savoir plus sur le projet Biofermes Internationales