Entretien avec Benjamin et Victor, globe-trotteurs des alternatives autour du monde
Au menu : un tour du monde des alternatives durables et responsables pour assurer la souveraineté et la sécurité alimentaire : le Vibe’s project. Benjamin et Victor souhaitaient réaliser un tour du monde mais plutôt que de partir uniquement en mode « backpackers » ils voulaient ajouter une dimension « utile » à ce voyage. Victor étant chef de cuisine et Benjamin designer, ils ont décidé d’orienter ce projet autour de l’alimentation. Tous deux sont partis pour un périple de neuf mois dans quinze pays (Inde, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Chine, Corée du Sud, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Chili, Argentine, Bolivie, Pérou et Brésil) et réalisent un documentaire afin de faire partager leurs découvertes. Nous leur avons posé quelques questions afin de savoir plus.
Benjamin, Victor, en résumé, quel but à ce voyage ?
Victor : C’était de partir à la rencontre d’initiatives et de projets liés à la sécurité et la souveraineté alimentaire. Nous nous sommes posés la question «Comment allons-nous pouvoir nourrir les hommes en 2050 lorsque nous serons 2 milliards de plus sur Terre ?» et surtout «Comment le faire de manière durable et responsable ?». A partir de là, nous avons contacté des fermiers, agriculteurs, entrepreneurs, associations qui œuvrent afin de mettre en place des solutions aujourd’hui pour demain. Nous voulions éveiller les consciences de notre audience, afin que les gens se disent «Hey, ça bouge en Inde, ça bouge au Cambodge ou en Bolivie, alors pourquoi pas chez moi ?». C’était aussi un moyen de montrer à chacun qu’il est possible et simple de faire évoluer sa consommation au quotidien.
Pourquoi avez- vous choisi de vous rendre en Inde et de visiter les projets de SOL dans ce pays?
Victor : D’un point de vue culturel et touristique, nous ne pouvions pas passer à côté de l’Inde. Au moment de chercher des projets menés sur place que nous pourrions intégrer au Vibe’s project nous avons découvert les projets « Graines de l’espoir » et « Bio-Ecole » ( » Green School » en anglais) menés par SOL. Ces projets nous ont tout de suite captivés que ce soit au niveau de leur contenu ou de leur diversité !
Benjamin : Nous voulions présenter des projets en lien avec la sécurité et la souveraineté alimentaire, ce qui était le cas de ces deux projets.
Combien de temps avez-vous pu passer en Inde (dans le nord avec Navdanya puis au sud-est à l’éco-centre Catamaran) et comment avez-vous vécu vos différentes rencontres ?
Victor : Nous sommes restés cinq jours à Navdanya et près d’une semaine à Catamaran.
Benjamin : Du moins, c’est ce qui été prévu initialement mais je me suis démis l’épaule dans le sud de l’Inde et suis par conséquent resté quasiment deux mois à Catamaran pendant que Victor enchaînait avec une partie de l’Asie du sud-est en solo!
Victor : Dans les deux cas nous avons été superbement bien accueillis. Les équipes étaient disponibles pour que nous puissions réaliser notre tournage dans les meilleures conditions. Nous avons également pu découvrir les différentes cultures et le quotidien dans ces deux régions de l’Inde notamment en discutant avec les locaux. Ces échanges étaient très enrichissants et nous ont permis de mieux appréhender les enjeux (économiques, sociaux, environnementaux etc.) et les défis auxquels l’Inde va devoir faire face dans les années à venir.
A quoi ont ressemblé vos journées lors de votre passage là-bas ?
Victor : À Navdanya nous avons pu participer à la récolte du riz et du millet avec les autres «bijaks» (stagiaires). Nous avons pris part au programme quotidien de la ferme : petit déjeuner à 8h, réunion de groupe matinale, travail aux champs, activités pédagogiques proposées par les différents participants et la toujours très attendue partie de volley en fin de journée ! Nous avons également pu échanger avec des fermiers encadrés par Navdanya pour devenir agriculteurs biologiques. Nos journées étaient bien remplies !
Benjamin : À Catamaran, SOL et les équipes du centre nous avaient concocté un programme très riche pour notre séjour parmi eux : visites de plusieurs Green Schools (Bio-Ecoles) et des marais salants, découverte du quotidien des pêcheurs, initiation à l’art du tressage de feuilles de palmier, excursion à Mahäbalipuram et Pondichéry ou encore plantation de graines dans le potager du centre.
Avez-vous rencontré d’autres types d’agricultures pratiquées en Inde? Quels vous semblent les avantages du modèle mis en place à Navdanya ou à l’éco centre ?
Victor : Nous avons vu l’agriculture conventionnelle, mais de loin. En revanche nous avions bien vu les nombreux avantages du modèle Navdanya sur le projet « les Graines de l’Espoir » et « Biofermes Internationales » et aussi sur le modèle du projet « Bio Ecoles » :
• le contrôle de la qualité des denrées alimentaires que nous consommons;
• la préservation de la diversité des espèces végétales ou céréales;
• la conservation des sols, le respect de l’environnement et de la santé des fermiers et des consommateurs;
• l’accès à l’autosuffisance des fermiers qui pratiquent l’agriculture biologique.
Mais en dépit des situations dramatiques post révolution verte (plus de 200 000 suicides d’agriculteurs) bon nombre de fermiers actuellement contraints d’utiliser des produits chimiques toujours plus chers, et qui détruisent leurs sols, et donc leurs récoltes, redoutent que le passage au bio ne soit pas efficace et trop coûteux.
C’est là que les actions de Navdanya et de Catamaran sont essentielles, tant en termes de sensibilisation/formation que d’émancipation des fermiers.
Les pratiques mises en œuvre dans les Bio-écoles (Green Schools en anglais) vous semblent-elles transposables en France ou en Europe ?
Benjamin : Absolument! Elles le sont et devraient même être obligatoires! La Mairie de Paris met d’ailleurs en place des projets de sensibilisation à l’environnement et l’agriculture dans de nombreuses écoles de la capitale. Les enjeux environnementaux ou sociétaux de demain sont identifiés et il s’agit désormais de faire évoluer le contenu pédagogique en conséquence. De même que dans les pays nordiques, les enfants sont sensibilisés au codage dès la primaire à l’heure où internet est plus que jamais présent dans notre quotidien, sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à l’environnement et aux enjeux de l’alimentation afin qu’ils aient les bons réflexes voire qu’ils transmettent cet enseignement dans leur cercle proche est un objectif réaliste et nécessaire. Lorsque l’on voit les résultats obtenus notamment avec les Bio-Écoles Green Schools, il nous semble évident qu’il faille développer ce genre d’initiative en France et en Europe.
A la fin de votre périple, quelles sont les perspectives pour valoriser votre expérience auprès du grand public et pour vos projets futurs ?
Benjamin : Nous allons continuer de poster du contenu avec des formats courts de vidéo pour chaque pays comme nous le faisons depuis le début du projet. Ces vidéos qui ne durent qu’une dizaine de minutes ne sont qu’un fragment de tout ce que nous avons vu. Ce que nous avons en tête pour la suite, est dans un premier temps, la réalisation d’un long métrage regroupant le «meilleur» de tous les projets que nous avons vus. Puis nous envisageons la création d’une web série qui nous permettra de montrer plus en détails le contenu de chacune de nos rencontres.
Victor : Par ailleurs, si nous en avons l’occasion, nous pourrions réaliser un livre retraçant cette aventure et pourquoi pas un livre de cuisine avec des recettes issues de chaque pays. A partir de là, nous verrons ce qui peut en découler au niveau professionnel, si des occasions se présentent … Si rien ne se présente, le projet en lui même est un accomplissement pour nous et nous donne plein d’idées et d’envies pour la suite !
Pour suivre le Vibes project et faire le plein de bonnes ondes, aller surfer sur leur site internet vibesproject.com et suivez les sur Facebook !
Consultez les vidéos réalisés par Benjamin et Victor à travers le monde…
Voir la Vidéo réalisée sur le projet « Catamaran » et le projet « Bio-Écoles » en Inde…
Pour en savoir plus sur le projet « Bio Écoles » en Inde…
Pour en savoir plus sur le projet « les Graines de l’Espoir » en Inde…
Pour en savoir plus sur le projet « Biofermes Internationales » en Inde…