Des nouvelles du projet Valoriser les céréales locales
Février 2018
Depuis 2015, le projet Valoriser les céréales locales se développe au Sénégal grâce au partenariat entre SOL et la FONGS (Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal). 2017 a été une deuxième année de consolidation pour le projet et une belle année d’avancées malgré les contraintes climatiques qui ont touché certaines de ses activités. Découvrez les activités mises en place et les impacts positifs de ce projet au sein des communautés locales.
SOL et ses partenaires locaux mettent en place des projets au Sénégal depuis 2011. La force du projet Valoriser les céréales locales réside dans l’importance de recréer le lien entre producteurs locaux, transformateurs et consommateurs autour d’une chaîne de valeur de qualité. Ce principe est la clé de voûte du projet et permet de répondre à de nombreuses problématiques liées à la dépendance des populations rurales locales aux cours mondiaux des blés importés, la perte nutritive qui en découle, le prix peu rémunérateur des producteurs de céréales locales et le chômage important au sein de ces communautés.
Le projet a prouvé depuis sa mise en place qu’il est possible de répondre à ces problèmes et 2017 a confirmé ses réussites.
Soutien des producteurs locaux
150 exploitations familiales bénéficient du projet et ont été sensibilisées et formées depuis 2015 à la culture des céréales locales comme le sorgho, le mil ou le maïs. Durant le mois d’août 2017, les animateurs du projet ont effectué des visites de suivi au sein des exploitations pour vérifier la bonne mise en pratique des différentes techniques et pratiques enseignées. Ils ont pu ainsi voir le démarrage effectif des cultures et leur état et estimer la quantité de céréales produites. De ce suivi, on estime que chaque exploitation produit entre 750 kg et 1 300 kg de mil et entre 1 500 et 2 000 kg de maïs.
140 exploitations du projet ont également bénéficié d’un approvisionnement en semences. Chacune d’elle recevant 4 kg de semences de mil et 20 kg de semences de maïs.
Le seul point noir de cette année a été la saison pluie (qui a lieu normalement de juillet à septembre) qui a été très longue cette année, s’étalant jusqu’au mois de novembre. Cette situation a obligé les paysans à récolter les cultures plus tôt dans certaines zones et a provoqué la perte de près de 25 % des productions dans certaines exploitations.
Suivi des boulangers et transformatrices
La saison des pluies a également retardé l’approvisionnement en matériel d’une des trois zones du projet : Jig Jam car les points d’accès à la région étaient difficilement praticables à cause de l’eau. Ainsi 12 boulangers ont reçu leur matériel (pelle, tables, pétrin…) plus tardivement, mais tout est désormais rentré dans l’ordre.
Pour les 180 femmes transformatrices, tous les mois les animateurs du projet ont visité les bénéficiaires du projet pour les aider dans la mise en pratique des recettes apprises lors des formations au besoin et sur la communication des beignets et gâteaux qu’elles vendent.
À l’occasion de ces différentes visites, les animateurs ont fait des enquêtes pour vérifier la satisfaction des boulangers et transformatrices bénéficiaires et l’impact du projet dans les 3 zones d’action. Les résultats sont plutôt positifs. Ainsi 97 % des transformatrices diversifient les produits qu’elles proposent à leurs clients à partir de recettes faites à base de céréales locales. Ou encore, 24 des 36 boulangers du projet incorporent de manière régulière des farines locales dans leurs préparations boulangères (à hauteur de 15 à 30 %).
Sur la question des revenus et des activités, là encore, le projet montre sa réussite ! Ainsi 75 % des boulangers au chômage au début du projet ont désormais retrouvé leur activité. Pour les revenus, le revenu moyen des boulangers a augmenté d’environ 59 % depuis le démarrage du projet et celui des transformatrices, de 20 %.
Comme l’explique Ncodou, transformatrice bénéficiaire et mère de 6 enfants, le projet lui a beaucoup apporté à elle et sa famille : « J’ai trouvé les formations intéressantes et les beignets sont très bons. J’apprécie de faire ces beignets à partir de la production de mon mari. J’achète chaque jour 1 kilo de farine de céréales locales sauf le dimanche, jour de marché où j’achète 2 kilos […]. Je vois régulièrement les autres femmes transformatrices, à la fin du mois, lors de nos rencontres on s’encourage, on parle du travail et de nos contraintes » Le projet lui permet ainsi de répondre aux besoins de sa famille, d’être plus autonome et de raffermir les liens avec les autres personnes de sa communauté en voyant régulièrement les autres transformatrices, mais aussi en formant d’autres femmes de son village.
L’amélioration des minoteries et le renforcement de leur comité de gestion
Les trois minoteries du projet sont désormais opérationnelles et permettent la transformation locale des céréales. Pour accompagner le bon fonctionnement de ces différentes structures, chacune dispose d’un comité local de gestion des stocks. 2 ateliers de formation et de consolidation des acquis ont eu lieu durant l’année dans chacun des comités afin de réactualiser les outils de suivi des stocks et échanger sur les différents mécanismes d’approvisionnement. L’objectif est de répondre au mieux aux différentes situations des zones du projet pour pérenniser l’activité des minoteries et l’approvisionnement des boulangers et transformatrices des 3 zones du projet.
Renforcement des capacités des animateurs et développement d’outils adaptés
12 animateurs du projet ont suivi au mois de juillet 2017 une formation afin de renforcer leur expertise. Sur trois jours, les animateurs ont été formés de manières théoriques et pratiques en testant les nouveaux outils directement auprès des bénéficiaires. La formation s’est terminée par les résultats des tests et des propositions d’amélioration des outils par les animateurs.
Pour aider les transformatrices à pouvoir retrouver les recettes apprises durant les formations, 2 livrets ont été créés en français et en wolof pour être le plus facilement abordables. Cette création a duré 6 mois et a été coordonnée par une service civique. Le livret a été un vrai travail de groupe, sollicitant la participation de tous les acteurs du projet. Désormais, les livrets sont imprimés et sont en cours de distribution par les 3 associations paysannes du projet.
Sensibiliser les communautés villageoises
En 2017, les campagnes de sensibilisation dans les zones du projet se sont poursuivies. Pour sensibiliser les communautés rurales, des assemblées villageoises sont souvent formées en présence des acteurs du projet, mais aussi des autorités locales (comme le maire, le sous-préfet ou le chef du village). En plus d’informer les habitants sur le projet et son action locale, ces réunions sont aussi l’occasion pour les équipes d’informer les populations sur l’importance économique et sanitaire de consommer locale. 30 villages ont ainsi été sensibilisés, soit 2 249 personnes.
Pierre, trésorier du comité de la minoterie d’Addak, témoigne de l’importance de la sensibilisation : « [c’est] un projet très intéressant car celui-ci touche beaucoup de personnes. Je suis favorable au consommer local et les paysans ne comprennent pas toujours ce que ça peut leur rapporter. C’est important de les sensibiliser. Aujourd’hui les cultures d’arachides ne sont plus rentables, je vois dans les céréales locales par contre un gain économique certain. »
L’année 2018 marquera la fin de cette phase de développement du projet Valoriser les céréales locales. Du fait de ces bons résultats, une nouvelle phase est en préparation pour le deuxième trimestre 2018 et un documentaire sur la souveraineté alimentaire au Sénégal est en cours de réalisation. Plein de belles nouvelles que les équipes de SOL vous feront découvrir dans les mois à venir.
Pour en savoir plus, lisez la page du projet Valoriser les céréales locales (phase 2)…
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