Des nouvelles du projet Graines de l’Espoir en Inde
Décembre 2019
La deuxième phase du projet Graines de l’Espoir, débuté en 2011, s’est achevée au début de l’année 2019. Grâce au partenariat de près de 10 ans entre SOL et l’organisation indienne Navdanya, les résultats de ce projet ont largement dépassés les objectifs attendus, et ce grâce à la véritable implication des communautés villageoises qui bénéficient aujourd’hui de ce projet.
Les 3 grands axes du projet qui ont orienté les actions mises en place dans le nord de l’Inde, dans la vallée du Dehradun, étaient les suivants :
- favoriser l’autonomie des populations rurales, et notamment des femmes qui représentent 80 % des communautés paysannes, grâce à la promotion de la conservation des semences, de l’agriculture biologique et du marketing d’activités génératrices de revenus et la sensibilisation et la diffusion d’informations sur le changement climatique, l’agriculture biologique et la conservation de la biodiversité ;
- rendre ces communautés plus résilientes aux changements climatiques, en identifiant les semences les plus résistantes pour la zone du projet et en distribuant ces semences au plus grand nombre ;
- et protéger la biodiversité locale par la conservation des semences et le développement du maraîchage.
Promotion de l’agriculture biologique
Les activités de cette seconde phase du projet ont couvert 16 villages dont 9 villages de la zone de Sahaspur et 7 villages de la zone de Vikasnagar (en Uttarakhand) avec au total 332 paysan.nes bénéficiaires, soit 61 % de personnes en plus par rapport à l’objectif initial ! Les différentes sessions de formation à la ferme de Navdanya ont permis aux bénéficiaires de mettre en pratique les techniques apprises dans leur ferme et ils cultivent désormais leurs parcelles en respectant les principes de l’agroécologie. La diversification des cultures vivrières (riz, blé, maïs, moutarde), des légumes et des épices cultivées (+ 275 % !) leur a permis d’augmenter leur autonomie alimentaire, leur indépendance par rapport au marché, et de préserver la biodiversité locale.
Grâce à ce projet, 84 % des paysan·nes cultivent également des aliments pour leur bétail ; l’élevage faisant partie intégrante d’un système agroécologique fondé sur la biodiversité permettant de recycler les nutriments nécessaires à la culture des plantes.
Des visites de suivi régulières ont eu lieu dans les 13 villages de la première phase du projet (2011-2015) afin de continuer d’appuyer les 486 paysan.nes déjà formé.es. Durant cette seconde phase, 87 paysan.nes extérieur.es au projet (venant de l’Uttar Pradesh, de l’Haryana, du Bihar, du Chattisgarh, de l’Assam, du Madya Pradesh et du Bengal) ont également été formé.es à l’agroécologie et à la conservation des semences paysannes à la ferme de Navdanya afin de favoriser la dissémination du projet dans d’autres zones.
Au bout de 3 ans, la majorité des paysannes a déclaré lors de l’évaluation finale qu’elles obtenaient un rendement égal à celui des exploitations utilisant des produits chimiques pour le maïs, le riz et le blé, et même supérieur dans le cas des légumes. En outre, les paysannes ont constaté que pour une durée de travail très légèrement supérieure (2 à 4 %), les coûts d’exploitation avaient diminué du fait de l’autoproduction de fertilisants naturels, la diminution de la fréquence d’irrigation de leurs terres et l’augmentation de la qualité de leurs sols.
Appui à la commercialisation des productions biologiques
Les paysannes du projet générant des surplus de production, le soutien à leur commercialisation a continué localement via la création de deux étals de vente collectifs dans les villages de Ratampur et Laxmipur, et plus largement via l’intégration de paysan·nes du projet au réseau de commerce équitable de Navdanya.
Des formations à la transformation alimentaire (en jus, confitures, pickles) ont également été réalisées à la ferme de Navdanya auprès de 130 paysannes (soit 160 % de personnes en plus par rapport aux objectifs initiaux !). Ces techniques leurs permettent de conserver tout au long de l’année leur surplus de production et de diminuer leur dépendance aux marchés pour ces produits transformés qui font partie de l’alimentation quotidienne de leurs familles.
C’est ainsi 47 % des paysannes qui vendent leur surplus de manière hebdomadaire à Navdanya et sur les marchés locaux.
Formation et appui aux groupes d’entraide
Le projet Graines de l’Espoir a également pour objectif de renforcer et valoriser le rôle des femmes qui tiennent une place essentielle dans la production agricole et l’alimentation familiale. A la fin des trois années du projet, 198 femmes font partie de 12 groupes d’entraide (soit 20 % en plus par rapport aux objectifs initiaux) dans 11 villages du projet. Elles économisent chaque mois 100 Roupies chacune et peuvent bénéficier de prêts qu’elles gèrent en autonomie à l’intérieur du groupe.
De plus, les 15 groupes d’entraide ayant émergés de la première phase, rassemblant 272 femmes, ont continué d’être appuyés en deuxième phase. Ainsi, ce sont 470 femmes, qui sur les 2 phases, ont rejoint 27 groupes d’entraide présents dans 24 villages. Ces groupes d’épargne ont pour but de favoriser l’entraide entre paysannes et le développement d’activités génératrices de revenus.
Identification et sélection de semences locales résistantes au changement climatique
En raison du changement climatique les paysan.nes indien.nes doivent faire face à des conditions climatiques de plus en plus imprévisibles, notamment au niveau des précipitations. 5 semences (riz, blé, maïs, millets et légumes) identifiées comme résilientes au changement climatiques en première année ont ainsi été semées et récoltées par les 67 gardiennes de semences formées lors du projet (+ 12% par rapport à l’objectif initial) et distribuées à chaque saison à l’ensemble des bénéficiaires du projet qui à leur tour conservent désormais une partie des semences pour leurs récoltes futures.
Aujourd’hui, 100 % des paysannes utilisent leurs propres semences pour les céréales, les légumineuses et les cultures légumières.
Campagnes de sensibilisation
Tout au long des 3 ans du projet, SOL et Navdanya ont travaillé de concert pour permettre l’organisation de plusieurs événements de sensibilisation :
- 8 festivals qui ont été organisés sur des journées thématiques (journée des droits de la femme, journée de l’alimentation, festival des légumineuses, préservation de la biodiversité, les organisations paysannes) pour plus de 1 000 paysan.nes.
- 7 foires aux semences ont été organisées par Navdanya, permettant la diffusion d’information sur les changements climatiques, l’agriculture biologique et la conservation des semences, qui ont touché des milliers de visiteurs.
- 9 marches de sensibilisation ont été organisés avec les élèves des écoles et leurs enseignants dans les villages du projet. Ils ont rassemblé plus de 900 élèves. Ce fut l’occasion de sensibiliser les habitant.es des villages traversés et de célébrer avec les élèves l’importance de la conservation des semences paysannes et de l’agroécologie face aux changements climatiques.
Renforcement des jardins de démonstration dans les écoles du projet
Afin de former les plus jeunes aux questions de semences, de l’agroécologie, de la nutrition, des changements climatiques et de la gestion des déchets, 13 écoles (+ 40 % par rapport aux objectifs initiaux) et 3 428 élèves, dont 60% de filles, ont ainsi été sensibilisées sur l’ensemble du projet, grâce à la mise en place de jardins-écoles et la culture de légumes frais qui sont servis au repas du midi à la cantine.
Documentation et valorisation du projet pour une plus large diffusion
La création de documents de référence en fin de projet permettra de le répliquer dans les zones où les besoins sont similaires. En parallèle, différentes actions ont été organisées en France et en Inde pour valoriser le projet Graines de l’Espoir (vidéos, événements, visites, etc). Des actions de sensibilisation continueront d’être menées afin de diffuser les enjeux et les techniques au plus grand nombre de personnes dans la zone du projet pour qu’ils puissent à leur tour s’engager dans la transition agroécologique, source d’autonomie et de résilience pour les petites communautés paysannes.
Article réalisé par Gautier Chaussard, bénévole de SOL
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Pour en savoir plus :
- Apprenez-en plus sur le projet à travers le témoignage de Kamlesh et Mithlesh, deux gardiennes de semences du projet
- Découvrez les dernières actions réalisées dans l’Etat indien de l’Uttarakhand à travers notre projet Biofermes
- En France aussi SOL agit pour les semences paysannes ! Découvrez notre nouveau projet : la Maison des semences paysannes Maralpines