Des nouvelles du projet Graines de l’Espoir
Avril 2019
En 2019 s’achève la deuxième phase du projet Graines de l’Espoir en Inde. L’objectif de ce projet est d’accompagner les communautés paysannes, et notamment les femmes face aux dérèglements climatiques de plus en plus nombreux, mais aussi de rétablir un équilibre économique et alimentaire grâce à l’agroécologie. Nous vous dévoilons tout sur la deuxième phase ce projet !
Durant la 2e phase du projet, de 2015 à 2018, ce sont 332 paysannes issues de 16 villages qui ont été formées à l’agroécologie et à la conservation de semences paysannes. Aujourd’hui, toutes appliquent ces techniques sur leurs propres terres. Elles produisent des légumes, épices et herbes de façon biologique, leur permettant de faire vivre leurs familles. Elles réalisent aussi des bénéfices, grâce à la vente des surplus de production. Pendant cette 2e phase, les 486 paysan·nes de la 1ère phase du projet ont continué à être soutenu·es et suivi·es.
Améliorer la résilience au changement climatique
En Inde, et notamment dans la Vallée du Dehradun, où se déroule le projet, les événements climatiques extrêmes se multiplient. Durant cette phase, 5 variétés de semences locales ont été identifiées comme résilientes au changement climatique qui permettent de cultiver malgré la sécheresse ou les inondations qui peuvent sévir. Ces semences ont été testées et multipliées par certaines paysannes du projet et notre partenaire local : Navdanya. Il s’agit du riz paddy, du blé, du ragi, du maïs et de différentes légumineuses et légumes.
Préserver la biodiversité
Les femmes jouent un rôle central dans la préservation de l’environnement et la transmission des savoirs. Ainsi, 67 gardiennes de semences ont été formées à la conservation de semences à la ferme Navdanya lors de 6 formations étalées sur les 3 ans du projet. Le rôle de ces gardiennes est essentiel : elles multiplient elles-mêmes les semences identifiées, et les distribuent aux autres paysannes ou les vendent à Navdanya, pour être ensuite redistribuées à d’autres paysannes.
« Je conserve mes propres semences comme du riz paddy basmati (non irrigué), du blé, du riz kasturi et des légumes comme les radis, épinards, fenugrec, moutarde, ail, oignon, etc ».
Mitlesh Devi, Keshowala
Assurer la souveraineté alimentaire des populations locales
De 2015 à 2018, 332 femmes ont été formées à l’agroécologie. En plus des formations, des kits de semences, d’engrais verts et de vermi-compost leur ont été distribués pour débuter la mise en pratique chez elles, permettant ainsi de nourrir leur famille, tout en protégeant l’environnement et la biodiversité. 130 femmes ont également été formées plus spécifiquement à la transformation alimentaire. Ceci leur permet d’intégrer fruits, céréales et légumes issues des semences identifiées directement à leurs préparations culinaires. Ainsi, elles fabriquent elles-mêmes pickles, jus et confitures pour leur foyer.
« J’ai participé aux formations sur l’agroécologie à la ferme de Navdanya et dans mon village. J’ai appris différentes techniques afin de faire du compost, de conserver mes semences et accroître la santé du sol. Plusieurs d’entre nous ont changé leurs pratiques agricoles après avoir rejoint le projet. Avant nous utilisions des pesticides et des engrais chimiques, désormais nous ne le faisons plus. En faisant notre propre compost et en appliquant les différentes techniques, notre nourriture est meilleure et nos enfants sont en bonne santé ».
Kamlesh Devi, Keshowala
Favoriser l’indépendance économique des communautés paysannes
12 groupes d’entraide ont été constitués, permettant aux femmes de se prêter des outils, d’échanger sur leurs pratiques ou leurs savoir-faire. Avec les 15 groupes créés lors de la 1ère phase, ce sont aujourd’hui 470 femmes qui se réunissent et échangent ensemble.
Deux étals de vente ont d’ailleurs été créés par ces paysannes, à Ratampur et Laxmipur, leur permettant de vendre leurs surplus de production.
Dans une logique de sensibilisation et de dissémination du projet, des formations ont été organisées pour les paysan·nes extérieur·es au projet, à leur demande. Une étude a également été menée pour démontrer l’impact positif des pratiques agroécologiques sur les sols.
Sensibilisation et valorisation des communautés paysannes
Afin de sensibiliser les plus jeunes aux enjeux environnementaux, des jardins-écoles ont été créés sur le modèle du projet Bio-écoles : 7 lors de la phase 2, qui s’ajoutent aux 14 de la 1ère phase. En tout, ce sont 3 428 enfants sensibilisés, dont 60 % de filles.
Ces enfants sont devenus le relai de l’information sur le changement climatique et les alternatives agricoles auprès de leurs parents, leurs familles et leurs propres villages. Les enfants participent à l’entretien des jardins, se nourrissent des récoltes : évitant ainsi la production de déchets et favorisant des techniques telles que le compost des aliments non consommés ou des restes.
Plus largement, diverses actions de sensibilisation ont été menées. Notamment l’organisation de 7 foires aux semences paysannes, 7 festivals, 9 rallyes et une conférence internationale pour les femmes, ont permis de sensibiliser environ 35 000 personnes. Ce travail de sensibilisation est fondamental pour ancrer durablement les bénéfices du projet dans le territoire. En effet, même si l’on constate une marginalisation des paysan.nes, l’agriculture reste source de revenus pour la majorité de la population.
En novembre 2017, le projet Graines de l’Espoir a été récompensé lors de la COP23 à Bonn. Le prix « Solutions Genre et Climat » a été remis à SOL et Navdanya par le WECF (Women egage for a common future) et l’agence onusienne Women and Gender Constitiency. En 2018, le projet avait été représenté lors de l’exposition inaugurale du 2e Symposium sur l’agroécologie organisé par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation). Aujourd’hui, le rapport du Symposium est sorti et le projet Graines de l’Espoir y est présenté comme l’un des 45 cas d’étude en termes d’expériences et d’innovations agroécologiques réussies (pages 262-263).