Le Conseil des Droits de l’Homme adopte la Déclaration des droits des paysans !
Octobre 2018
C’est une grande avancée pour les droits paysans ! Le Conseil des Droits de l’Homme a adopté il y a moins d’une semaine la Déclaration des droits des paysans. Un travail essentiel pour défendre celles et ceux qui nous nourrissent. Ce texte est porté par de nombreuses organisations à travers le monde comme SOL.
Le 28 septembre dernier, les États membres du Conseil de Droits de l’Homme ont adopté à la majorité le texte de « la Déclaration des droits des paysans et autres personnes travaillant en milieu
rural ». C’est une incroyable victoire pour la Via Campesina et toutes les personnes et les organisations qui ont travaillés à ses côtés comme SOL. C’est également la preuve qu’une très grande majorité de pays se sentent concernés par la question. Néanmoins, cette victoire est à nuancer côté européen, sachant que sur les 3 pays qui se sont prononcés contre la Déclaration, 2 sont membres de l’UE, ainsi que 6 abstentionnistes sur 11.
La prochaine étape pour tous les porteurs de ce projet, est la présentation de cette Déclaration à l’Assemblée Générale des Nations Unies, d’ici le mois de décembre. Si la majorité des 193 États membres vote en faveur de celle-ci, il s’agira alors pour les paysans du monde entier de jouir enfin des droits qui leur reviennent, la possibilité de vivre de leur métier décemment mais aussi de soutenir des pratiques agricoles durables. Concrètement, cela se traduit entre autres par : des droits à la terre, aux semences, à l’eau, à la sécurité sociale, à la santé, au logement, à l’éducation, à un revenu décent, au développement, à la participation ou encore à la justice.
Des années de lutte
17 années durant, la Via Campesina, les organisations qui la soutiennent et des paysans du monde entier se sont battus pour la reconnaissance d’un droit paysan. Dès 2012, le Conseil des Droits de l’Homme nomme un groupe de travail intergouvernemental pour l’élaboration de cette Déclaration, et aujourd’hui seulement, les négociations laissent entrevoir un espoir.
Un système à bout de souffle
En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. Les paysans et personnes travaillant en milieu rural connaissent une précarité telle que leurs revenus leur permettent à peine de survivre. Pourtant, nous sommes tous consommateurs et dépendants de la petite paysannerie : selon la FAO, les petites exploitations nourrissent 1/3 de la population mondiale. Il est inadmissible que nous laissions ces populations cesser leur activité, abandonner leurs fermes et même mourir. Malheureusement bien souvent, ces solutions sont inévitables, et sont dues à deux principaux facteurs :
- L’émergence d’immenses exploitations ultra-productives,
- Une réglementation favorisant ces suprastructures, l’industrie de la transformation alimentaire et les distributeurs.
La perte d’un modèle vertueux
La disparition de l’agriculture paysanne, bien plus raisonnée que l’agriculture industrielle serait un désastre non seulement humain mais aussi écologique.
D’abord, cela ne ferait que renforcer les travers de l’agriculture industrielle, et avec eux la dépendance à l’agrochimie et ses semences, les circuits longs, la perte d’emploi et la désertification des zones rurales, la mort des paysages, des sols, la disparition des haies, de la biodiversité ou encore la profusion de la monoculture.
Partout dans le Monde, la disparition de l’agriculture paysanne remet sérieusement en cause la souveraineté alimentaire et assujettit les Etats à l’accaparement des terres.
L’UE doit à tout prix soutenir le mouvement paysan
L’absence de l’Europe dans les récentes décisions est vraiment décevante et étonnante. Le 3 juillet dernier, le Parlement européen avait adopté une résolution à 534 voies contre 71, soutenant alors Déclaration pour les droits des paysans et demandant aux États d’appuyer le projet. Il est aussi à noter que deux tiers des fermes européennes ont disparu en 30 ans et que l’Union a sa part de responsabilité dans le développement de l’agriculture industrielle et ne peut résolument pas contraindre le monde entier à en pâtir.
L’amélioration des droits des paysans est au centre de notre action, notre association vous tiendra informée des avancées de cette déclaration essentielle.
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