Biofermes Sénégal : en 2 ans la ferme de Nguiguss Bamba a connu de belles avancées !
Juillet 2020
Deux années après l’ouverture du volet sénégalais du programme Biofermes Internationales réalisé aux côtés de notre partenaire, l’ONG des villageois de Ndem, le projet a connu de belles réussites. Un suivi assuré par Yuna, notre Chargée de projets Afrique, partie s’installer au Sénégal en janvier 2019 pour suivre au mieux le projet. A travers ces lignes, découvrez le bilan de cette première phase !
Nguiguss Bamba, la création d’une ferme pilote
Mettre en place des pratiques agroécologiques en zone sahélienne est un véritable défi ; mais surtout une nécessité ! Le Sénégal l’a compris, et souhaite devenir un pays pionnier dans la transition agroécologique au Sahel.
C’est avec l’ONG des Villageois de Ndem et au travers de la création de ferme de Nguiguiss Bamba, dans la région de Louga, que nous relevons ce défi. Cette ferme de formation aux méthodes agroécologiques a été aménagée pour accueillir différentes activités.
En autres, elle est composée d’un espace d’élevage comprenant : un lapinier, un volailler, une chèvrerie, une petite étable, une bergerie et un pigeonnier mis en place depuis mars 2019. Ces espaces ont accueilli les premiers animaux par la suite dont : 12 ovins, 13 caprins, 2 chevaux, 7 poules, 7 pintades, 7 canards, 7 dindons, 5 oies, 10 pigeons et 15 lapins. Les 4 bovins ont également rejoint la ferme en août 2019.
A cela s’ajoute une pépinière qui permet de réaliser des semis d’arbres, de légumes et de fruits. Le but principal étant le reboisement de cette zone semi-aride et le développement de l’agroforesterie qui a déjà permis la plantation de plus de 4 000 arbres (comme des citronniers, des manguiers, des cocotiers ou encore des acajous). En parallèle, pour accompagner le reboisement de la zone, plus de 1 000 arbres ont été donnés et plantés dans une dizaine de villages environnants depuis 2016.
Pour compléter ces activités, la ferme possède également : 3 bassins destinés à la pisciculture et l’aquaculture, un espace maraîcher et une case de semences.
Ces différentes constructions ont mobilisé plus de 300 personnes, dont beaucoup de femmes et de jeunes de la région, mais également des bénévoles venus des 4 coins du monde. Pour répondre aux spécificités du terrain, une technique particulière a été utilisée pour la construction : la technique « Super-Adobe ». Cette dernière est un mode de construction écologique et économique à base de sable (matériau présent sur place). Il consiste en une moindre utilisation de ciment, et présente un grand avantage thermique qui permet de maintenir le frais à l’intérieur des bâtiments.
L’accès à l’eau, un défi capital à relever
En zone sahélienne, l’eau est rare et difficile d’accès. Mais il est primordial de pouvoir assurer un accès à l’eau pérenne pour les villageois et les activités de la ferme. Ainsi, c’est l’un des plus grands défis que nous avons dû relever durant cette première phase.
C’est pourquoi nous avons réalisé un forage à l’éocène (L’éocène est une nappe d’eau renouvelable située dans les roches calcaires entre 35 et 100 mètres de profondeur). Après 2 études géophysiques, le forage a été accompli il y a quelques mois et a permis d’accéder à une source d’eau douce ! Cela permettra d’approvisionner la communauté en eau potable et à irriguer la ferme de formation et le périmètre agroforestier. L’installation de la pompe solaire permettant l’acheminement de l’eau a, quant à elle, dû être reportée à cause de la crise sanitaire mondiale du covid 19.
Au cœur du projet, des acteur.rices engagé.es
Au plus près du terrain, les acteur.rices du projet n’ont de cesse de développer et de faire grandir le projet. Tout d’abord, il y a les 11 animateur.rices du projet. Ils constituent 5 binômes respectivement spécialisés en : élevage, semences, maraîchage, agroforesterie et pisciculture. Un onzième animateur est spécialisé en transformation alimentaire. Depuis le début du projet, ils ont reçu diverses formations par des expert.es externes partenaires du projet : sur l’arboriculture et l’agroforesterie, les traitements phytosanitaires et vétérinaires naturels, la conservation et la reproduction des semences ; ou encore sur l’élevage et l’utilisation de plantes fourragères. L’ensemble de ces enseignements leur permet de partager au mieux et de transmettre les savoirs et savoir-faire auprès d’au moins 200 paysan.nes locaux.
Il y a aussi les coordinateur.rices du projet qui, en plus de leurs actions sur le terrain, ont le rôle d’ambasseur.rices. Ils participent régulièrement aux ateliers organisés par la Task force multi-acteurs pour la promotion de l’agroécologie au Sénégal (TAFAE), dont l’ONG des Villageois de Ndem et SOL sont membres. D’ailleurs, les 30 et 31 janvier 2020, l’une des co-coordinatrices du projet a présenté le projet dans le cadre des Journées de l’Agroécologie organisées par la Dynamique sur la transition agroécologique du Sénégal (Dytaes), pour lesquelles le projet Biofermes Sénégal avait été sélectionné comme projet modèle, en présence de l’ensemble des acteur.rices de l’agroécologie et des hautes autorités publiques du Sénégal.
De plus, leur rôle d’ambassadeur.rices dépasse les frontières. Ainsi depuis 2018, certain.es ont participé à des événements de sensibilisation en France et en Belgique. Par exemple, Berta Giegle, experte agroécologie et co-coordinatrice du projet, est notamment intervenue lors de la projection-débat intitulée : Agroécologie : défis et réussites collectives, organisée par SOL et le CRID à Paris. Le projet a également fait l’objet d’une présentation à l’Université Catholique de Louvain (Belgique) en mai 2018, et à Die en juillet 2018 via l’association Dieufdieul. En mars 2019, des représentant·es de l’ONG des Villageois de Ndem ont aussi participé à un événement à la Maison du Développement Durable de Louvain-La-Neuve (Belgique) intitulé : S’inspirer du Sud pour la transition.
Le projet catalyse également un ensemble d’acteur.rices engagé.es dans la transition agroécologique au Sénégal et ses coordinateur.rices participent à de nombreux échanges de pratiques, séminaires et rencontres sur le sujet.
Aussi, un comité de pilotage comprenant 10 expert.es a été formé pour appuyer le projet. Plusieurs rencontres les ont réuni : ils ont pu ébaucher une charte agroécologique, aborder les diverses difficultés rencontrées sur le projet, préparer une enquête sur les pratiques agricoles, pastorales et semencières dans les villages environnants, et enfin échanger sur le programme de formations et sur la mise en place d’outils de suivi. Une organisation nécessaire et efficace !
Ce comité d’expert a aussi à cœur d’assurer la participation de toute la communauté. Ainsi le 20 mars 2019, un forum sur les semences paysannes s’est tenu au sein de la ferme, en présence du comité de pilotage mais aussi : des autorités religieuses, coutumières et politiques locales, et de plus d’une centaine de femmes et d’hommes d’au moins 8 villages alentours. L’événement a notamment fait appel au coordonnateur de l’Association Sénégalaise des Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP), Alihou Ndiaye, en tant qu’intervenant principal et à Mass Gning de la FONGS (organisation partenaire du projet Valorisation des Céréales Locales au Sénégal).
La sensibilisation, un levier important du projet
Au-delà des activités de formation, la sensibilisation des populations locales aux thématiques comme transition agroécologiques, les semences paysannes, la lutte contre la désertification et les changements climatiques, fait partie intégrante du projet.
Ainsi auprès des plus jeunes, le collectif « Eco-Jeunes Solidaires », rattaché à l’ONG des villageois de Ndem, mène des activités de sensibilisation à l’environnement. En autres, il a organisé 12 interventions auprès de 200 du collège de Darou Marnane (près du village de Mbacké Kadior) pour apprendre aux élèves l’importance de la protection et de la conservation de la biodiversité, notamment en leur parlant de reforestation. Dans cet établissement, les enfants ont réalisé une pépinière et un espace floral. Les 35 élèves de la classe de 6e se sont ensuite particulièrement engagé·es, en venant se former à l’agroécologie pendant les 3 mois vacances scolaires.
A travers la plantation d’arbres, l’apprentissage de techniques de compostage, ou l’organisation de projection débat, ce sont pour le moment 290 enfants qui ont été sensibilisé.es dans les écoles.
Mais il est important que la sensibilisation se fasse autant pour les petits que pour les grands. C’est pourquoi, des activités ont été mises en place auprès des habitant.es des environs de la ferme. Au total, ce sont 540 habitant·es de la zone, principalement des femmes, qui ont participé à des activités de sensibilisation autour de l’arboriculture, l’agroécologie et la consommation responsable.
Aussi, plus largement la ferme de Nguiguss Bamba, par ses expérimentations, a gagné une visibilité notable dans le pays, et au-delà. Ainsi, ce sont au moins 5 000 visiteur·euses externes qui ont été sensibilisés aux thématiques du projet en visitant le site et en participant à ses activités. Il s’agit par exemple de caravanes de volontaires sénégalais en provenance de Dakar, Mbour, Bambey et Ndem qui viennent tous les mois; mais aussi de volontaires, bénévoles et stagiaires étranger·es et sénégalais.es. De plus, 8 étudiants sénégalais et français ont été accueillis au sein de la ferme pour réaliser des stages.
La sensibilisation dépasse même la ferme pour se faire sur les ondes ! Ainsi une émission télévisée sur les impacts sociaux et environnementaux du projet a été diffusée, et plusieurs interviews d’acteur.rices du projet ont résonnées sur les radios et chaînes locales, telles que « Lamp Fall TV » et « Touba TV ».
Biofermes Sénégal : volet d’un programme de grande envergure
Le projet Biofermes Sénégal est un volet de notre projet Biofermes Internationales, mis en place également en Inde et en France. En suivant ce prisme international, plusieurs visites d’expériences ont été organisées avec les paysan.nes, animateur.rices et coordinateur.rices du projet, dans le pays et à l’étranger, pour découvrir d’autres alternatives agroécologiques. Ainsi, 11 visites ont été organisées au Sénégal, 1 en France, et 1 en Inde, dans le cadre des Echanges Paysans organisés par SOL.
Ce projet a pu se réaliser grâce à nos partenaires financiers et nous sommes toujours ravis de leur présenter ce que nous avons pu réaliser grâce à leur soutien. Ainsi, en octobre 2018, nous avons eu la chance de recevoir au sein de la ferme pilote en cours de construction la directrice de la Fondation Léa Nature qui soutient le programme Biofermes Internationales dans ses 3 pays d’actions.
Le volet sénégalais du programme Biofermes Internationales commence à porter ses fruits ! En 2 ans, une multitude d’initiatives a vu le jour, et nous avons pu mettre en place des actions concrètes, utiles et pérennes au Sénégal, notamment à travers la ferme de Nguiguiss Bamba. Il s’agit maintenant de renforcer les activités mises en place durant cette première phase et de démarrer de nouvelles activités sur la future ferme de production notamment. Une histoire qui durera encore longtemps entre le Sénégal et SOL !
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Pour aller plus loin
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