Apéro thématique N° 19: Agriculture et changement climatique : Etat des lieux et alternatives
Ce lundi 15 septembre, nous avons eu le plaisir d’accueillir une cinquantaine de personnes lors de notre Apéro Thématique qui avait pour thème « L’agriculture et le Changement Climatique, État des Lieux et alternatives ». Nous avons pu compter sur la présence d’Aurélie Ceinos (Chargée de mission Changement Climatique pour CARE France) et Cyrielle Denhartigh (Chargée de mission Agriculture et Changement Climatique du Réseau Action Climat-France).
Pour introduire le débat, Cyrielle Denhartigh nous présente le Réseau Action Climat, la branche française du Climate Action Network, le réseau français d’associations spécialistes du changement climatique crée en 1996, qui regroupe 18 associations nationales. Elle nous propose ensuite un point sur les nombreuses interactions entre l’agriculture et le climat. Elle achève son intervention avec des propositions de solutions pour réduire les gaz à effets de serre et comment adapter l’agriculture au changement climatique.
Le Réseau Action Climat est un collectif qui fédère 18 organisations françaises impliquées dans la lutte contre le changement climatique afin d’être une force de proposition dans les négociations internationales.
Selon elle, les changements climatiques, l’augmentation du niveau des océans, les inondations, la diminution des eaux douces, la sécheresse affectent l’agriculture, ce qu’elle appelle l’agriculture impactée: l’incertitude à ce sujet est d’ailleurs assez problématique. Cependant l’agriculture, peut aussi être impactante, elle-même émet des gaz à effet de serre, majoritairement Protoxyte d »azote et du Méthane, et dans une moindre mesure du dioxyde de carbone, qui provoquent à leur tour ces changements climatiques. Par exemple, la fertilisation des sols avec l’épandage d’engrais provoquent à lui tout seul 46% des émissions de gaz à effet de serre agricole, 28% des émissions d’origine agricole proviennent de la fermentation entérique (digestion des ruminants), et la gestion des déjections animales émet 18% des émissions de gaz à effet de serre. A l’échelle mondiale, l’agriculture représente 25% des émissions de gaz à effet de serre mondiale et 22% des émissions totales en France.
De la même manière, cette agriculture peut constituer une réponse au changement climatique, en effet, elle peut réduire ces émissions de gaz à effet de serre (Baisse de l’épandage d’azote, recours aux légumineuses, meilleure gestion des déjections animales, travail sur la fermentation entérique) et elle peut séquestrer du carbone et produire des énergies renouvelables. A partir de certaines pratiques agricoles ( par exemple, utilisation de techniques agroécologique, comme plantation de haies, intercultures, moindre utilisation de pesticides, etc.) l’agriculture peut constituer un puits de carbone et ainsi capturer du carbone qui est sous forme gazeuse (CO2) dans l’atmosphère et peut être utiliser dans la croissance de végétaux, et réduire ainsi la concentration atmosphérique de CO2.
Enfin, l’agriculture peut aussi contribuer à la production d’énergie renouvelable et réduire le besoin en énergie fossile notamment à partir de la biomasse (bois énergie, méthanisation) et hors biomasse (solaire photovoltaïque ou thermique sur les hangars, éolien) et peut ainsi atténuer les effets du changement climatique. Cyrielle conclu son intervention avec des exemples concrets en France : notamment avec des menus des collèges avec un taux de carbone réduit. Cela passe par le biais de l’approvisionnement, du choix des produits, ainsi que par un travail de sensibilisation. Elle conclu sur l’agroforesterie comme piste d’action pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques.
Aurélie Ceinos nous parle de ses projets en lien avec la Commission Climat et Développement: le but de la commission est de capitaliser les informations, les expériences de terrain et la sensibilisation du public. Chaque organisation peut apporter une expertise. La commission possède quatre sous-thèmes: Agriculture et climat, réduction des risques de catastrophe et adaptation au changement climatique, énergie et climat, financement, efficacité des mécanismes de lutte contre les changements climatiques.
Elle fait ensuite un point sur le problème de l’adaptation au changement climatique et à l’incertitude concernant ses changements, domaine de travail de la commission. Elle prend notamment l’exemple des changements de régimes alimentaires nécessaires dans certaines zones et aux infrastructures qui peuvent être mises en place.
Elle termine son intervention avec les différents niveaux d’interventions de la commission dans le domaine du plaidoyer notamment au sein de l’Alliance Globale pour la Climate Smart Agriculture, au niveau régional avec l’Alliance Africaine sur la Climate Smart Agriculture, qui va plus loin dans la critique et inclus la thématique sociale et le genre dans les discussions mais qui a par ailleurs été fortement critiqué par un collectif d’ONGS mobilisées à l’occasion du Sommet Climat qui s’est déroulé à New York le 23 septembre. Retrouvez ici le Communiqué.
Elle intervient également au sein de l’UNFCCC, groupe de négociation et de discussions sur le climat et l’agriculture.
Le plaidoyer porte notamment sur les questions d’adaptation prioritaires pour les pays du Sud, et de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Elle conclu sur le besoin de renforcement des activités de négociations des pays du Sud, les pays du Nord étant surreprésentés.
La soirée se termine avec un échange avec la salle notamment avec un exemple de plan d’adaptation, ainsi que des questions sur le scénario Afterres 2050, scénario soutenable pour l’agriculture et pour l’utilisation des terres en France à l’horizon 2050.
Merci à tous ceux qui sont venus participer à cet échange enrichissant !
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