La Jan Satyagraha : un nouvel espoir (2011-2012)
La Janadesh fut une marche exemplaire, car elle ramena l’unité et la solidarité dans le monde rural indien. Cependant, après avoir fait plié le gouvernement sur la nécessité de mener à bien la réforme foncière tant attendue, la victoire des marcheurs fut brève et le gouvernement indien n’appliqua pas les engagements qu’il avait pris. Ekta Parishad organisa alors une nouvelle marche, qui se devait d’être encore plus importante pour qu’enfin le gouvernement tienne compte des attentes paysannes. Pendant un an, Rajagopal et ses compagnons n’auront de cesse de sillonner l’Inde pour atteindre un objectif précis : réunir 100 000 marcheurs dans un même combat.
SOL a pendant deux ans, participé à la mobilisation internationale en faveur de la marche, pour transmettre en France le message des sans-terres indiens. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Rajagopal revient sur la nécessité de l’engagement international, non seulement pour des collectes de fonds nécessaires aux marcheurs et aux programmes d’éducations populaires, mais également pour le relai médiatique et politique apporté, qui aide les militants indiens en maintenant la pression sur le gouvernement.
Retrouvez notre Flash Info d’octobre 2012 – Victoire pour les marcheurs
La Jam Samwad Yatra.
Les promesses du gouvernement suite à la marche de 2007 ne voient cependant jamais le jour, et la réforme annoncée n’aboutira pas. Ainsi, Ekta Parishad prépare dès 2011 un nouveau mouvement pour faire fléchir le gouvernement, la Jan Satyagraha.
Pour que cette marche aboutisse, un long processus de préparation voit le jour, et durera une année entière, d’octobre 2011 à octobre 2012. Rajagopal, accompagné d’une vingtaine de membres d’Ekta Parishad, va sillonner une année durant les routes de l’Inde dans le but de rencontrer le plus grand nombre d’organisations et de mouvements sociaux à travers le pays. Une caravane de jeeps traverse ainsi le pays, partant de Kânyâkumârî, la ville la plus au sud de l’Inde, et remontant progressivement le pays. Ils voyageront à travers 350 districts sur une distance estimée à plus de 80 000 km. Ils portent avec eux le message de la non-violence et des revendications sur l’accès à la terre. C’est l’occasion pour Ekta Parishad de s’enrichir des nombreuses luttes qui secouent le pays et les communautés paysannes, en organisant dans les villages où il passe des réunions avec les habitants, pour s’informer sur les attentes de chacun. Ainsi, Rajagopal fédère de plus en plus de communautés en vue d’une marche mémorable pour 2012.
La Jan Satyagraha.
Le 2 octobre 2012, après un an de préparation, et fort de l’expérience de la Janadesh, Ekta Parishad appelle à une nouvelle marche sur la capitale, qui débutera le lendemain. Rajagopal refuse de signer une série de propositions faites par le Ministre de l’Environnement dans le but de minimiser la marche et les 100 000 marcheurs se lancent dans un périble à travers 300 des 600 districts de l’Inde, pour rejoindre la capitale.
Le 11 octobre, alors que les marcheurs relient la ville d’Agra, la nouvelle tombe, le gouvernement accepte de négocier avec les représentants d’Ekta Parishad. Ces négociations donnent lieu à un accord en 10 points, avec deux points majeurs :
- L’ébauche d’une réforme nationale agraire au cours des six mois qui suivent la ratification de l’accord, rédigée conjointement par le gouvernement national, les gouvernements locaux et un groupe de travail issu des organisateurs de la marche ;
- L’adoption d’une loi sur la redistribution de terres cultivables pour les sans-terres, et de terres habitables pour les sans-abris.
« Aujourd’hui est une date à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire des droits à la terre en Inde »
Cependant, la lutte ne fait que commencer. En effet, les promesses du gouvernement doivent être tenues, et la réforme menée concrètement. Les autorités ont six mois pour proposer un plan acceptable, sous peine de voir les marcheurs reprendre la route.
L’action internationale et l’engagement de SOL.
À travers le monde, des actions multiples ont eu lieu au Népal, au Kenya, au Brésil, en Colombie, en Thaïlande etc. En Europe, SOL et le collectif Ekta Europe, branche européenne du mouvement Ekta Parishad, ont organisé en septembre 2011 une conférence internationale sur le droit à la terre et les ressources naturelles.
En France, un soutien collectif par des dizaines d’associations. Des événements ont eu lieu tout au long de l’année à travers tout le pays : marches, expositions, repas solidaires.
Avant et pendant la marche, l’action de SOL a été de relayer l’information venue d’Inde sur l’actualité de la marche et de son organisation, mais aussi de participer à la sensibilisation du public français pour créer un élan de solidarité internationale en faveur des marcheurs indiens. Plusieurs actions ont ainsi été menées :
– Organisation de trois conférences débats pour relayer et appuyer le mouvement auprès de la population française. A découvrir notamment, notre Apéro thématique n°6 sur la marche pour la justice paysanne, notre Apéro thématique sur les populations autochtones, avec Nicholas Barla, avocat et représentant activiste des populations Adivasis en Inde et la soirée « L’accès à la terre en Inde » ;
– Co-réalisation de l’Appel Urgent pour la Jan Satyagraha avec Peuples Solidaires ;
– Diffusion des outils de communication auprès des journalistes, associations et citoyens français : lettres d’infos d’Ekta Parishad (ci-dessous), bannière de soutien, communiqué de presse, lettre ouverte à Pascal Canfin (qui rencontrera M. Rajagopal lors de sa venue en France par l’intermédiaire d’Ekta Europe) ;
– Collecte de soutien à destination des marcheurs ;
– Participation à l’organisation de la conférence sur le droit à la terre avec Ekta Europe et co-organisation des réunions du collectif ;
– Production d’un film documentaire au plus proche des marcheurs, qui retracent l’organisation de la marche et son déroulement. Réalisé par Patrick Aubry. (Sortie prévue pour la rentrée 2013).
Retrouvez nous sur Facebook pour découvrir de nouvelles images de la campagne !
