Témoignage : Laetitia, stagiaire du projet Biofermes France, nous parle de son projet d’installation paysanne
Février 2021
En pleine installation en maraichage bio en Occitanie, Laetitia revient sur son parcours et les formations qui lui ont permis de porter à bien son projet d’installation paysanne. Accompagnée notamment par les actrices et les acteurs du projet Biofermes France, elle a pu faire germer son projet. Découvrez son témoignage inspirant.
SOL – Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Laetitia, j’ai 35 ans, j’ai fait des études en sciences de l’écologie, domaine dans lequel j’ai travaillé quelques années. Depuis 2017, j’ai commencé à réfléchir à me reconvertir en maraichage, sachant que pour moi il s’agit plus de la suite logique de mon parcours que d’une reconversion. Depuis 2017, j’enchaine donc des stages, des rencontres avec les maraichers. En décembre 2020, j’ai enfin trouvé mes terres à l’Est de Toulouse après une recherche de 2 ans et je suis en cours d’installation.
SOL – Qu’est-ce qui vous a poussé à participer aux formations du projet Biofermes France ?
J’avais déjà fait une formation à la ferme de Sainte-Marthe en Sologne, et la ferme proposait ce qu’on appelle des modules 2 en partenariat avec SOL [dans le cadre de la phase 1 du projet Biofermes]. Ensuite, j’ai pu faire un stage de 2 mois dans le cadre du projet Biofermes France. C’était l’occasion de me replonger dans le maraichage, de discuter avec les maraichers et de pouvoir échanger sur mon installation car je venais de trouver mes terres, c’était le bon moment et le bon timing.
SOL – Pouvez-vous nous présenter en quelques mots les fermes où vous avez suivi ces formations ?
J’étais en stage à la ferme Canopée. C’est une ferme collective dans le Gers. Sur cette ferme il y’a plusieurs maraichers qui travaillent côte à côte et s’entraident tout en ayant chacun leur entreprise. Mon stage s’est partagé entre la ferme des Mille et Une Feuilles avec Elisabeth et la ferme d’Amour et d’Humus avec Thomas. Ce sont toutes les deux des fermes en maraichage bio diversifié, en non-travail de la terre et en agroforesterie.
SOL – Pouvez-vous nous parler de vos activités à la ferme ?
J’ai effectué des activités typiques de maraichage. C’est-à-dire que j’ai semé, planté, désherbé, taillé, récolté, conditionné et vendu sur les marchés. Vu que j’étais sur une période automnale, on a passé du temps à nettoyer les jardins, enlever les cultures, enlever les bâches, bref le grand ménage d’automne !
SOL – Parlez-nous de votre activité favorite à la ferme
J’ai adoré donner des brins de luzernes aux moutons de Thomas qui n’étaient jamais très loin mais ça c’était l’activité folklorique. Sinon, j’aime bien récolter car je trouve que c’est le fruit de notre travail et c’est assez agréable.
SOL – Quelles ont été les difficultés lors de vos activités ?
Je n’ai pas noté de difficulté particulière. J’essaye de toujours garder à l’esprit que mon corps est mon outil principal et qu’il est important de prendre les bonnes postures.
SOL – Est-ce que votre projet d’installation s’est développé au fur et à mesure de la formation ?
Oui, ça s’est énormément développé. Tous les soirs je prenais du temps pour y travailler et j’ai pu finir ma planification maraichère, ce qui était un de mes objectifs lors de ce stage. C’était un vrai plus de pouvoir être conseillée par Elisabeth et Thomas. J’ai pu avoir un rendez-vous assez long avec l’ADEAR* du Gers qui a répondu à toutes les questions que je me posais que ce soit au niveau administratif, comptabilité ou aides…etc. J’ai commencé à demander des devis, j’ai avancé sur le matériel qu’il fallait choisir. C’était super d’avoir des maraichers référents pour être épaulée.
SOL – Quel était l’intérêt d’être accompagnée par l’ADEAR lors de votre dernier stage ?
L’ADEAR m’a aidé lors de mon installation car c’est un moment compliqué où on a énormément de questions et il faut gérer beaucoup de choses. C’est vraiment un grand soutien d’avoir les équipes de l’ADEAR qui sont des gens de terrain, qui connaissent très bien les problématiques agricoles. Ce sont vraiment des personnes ressources qui accompagnent les agriculteurs et qui apportent des réponses concrètes. Mon installation aurait été beaucoup plus compliquée sans eux. C’est un très grand soutien.
SOL – Quels ont été les grands changements pour vous après cette formation ?
Le grand changement après a été de devenir propriétaire. C’était donc mon dernier stage après lequel je deviens chef d’entreprise !
SOL – Quels sont les enjeux qui vous tiennent à cœur et qui vous ont inspiré pour la création de votre projet ?
Je m’installe en maraichage parce que j’ai envie d’agir à mon échelle pour changer les choses. L’idée c’est de mettre en œuvre tous les jours mes valeurs, de pratiquer l’agroécologie. C’est important pour moi d’avoir des pratiques agricoles qui vont respecter les écosystèmes, augmenter la biodiversité et qui pourront enrichir le sol. J’ai très envie de vendre en circuits courts pour encourager les activités locales et participer à la résilience alimentaire du territoire. Aussi, j’aimerai créer du lien avec les consommateurs pour que les gens qui achètent mes légumes sachent ce qu’ils achètent, quel est le travail derrière, d’où ça vient, comment ça pousse. C’est tout ça qui m’anime à me lancer en maraichage.
SOL – Pourriez-vous nous présenter votre projet ?
Je m’installe en maraichage bio diversifié, l’idée c’est de faire des légumes à peu près toute l’année ; en agroforesterie pour intégrer l’arbre dans le système maraicher. Mon but à terme c’est d’arriver au non-travail du sol. Pour l’instant je ne m’interdis pas de le travailler manuellement le temps que l’on s’apprivoise. J’espère vendre en AMAP, système qui s’appuie sur une relation de confiance entre le producteur et les amapiens et vendre en local aux épiceries autour de chez moi. J’ai très envie que ma ferme soit un lieu d’accueil, que ce soit un lieu ouvert où il y a du passage. J’aimerai faire d’elle un lieu étonnant avec un peu d’artisanat, de poésie, d’art…que ce soit un lieu surprenant.
SOL – Souhaitez-vous ajouter un mot ?
Je trouve ça bien de permettre aux futurs paysans de réaliser des stages encadrés avec des maitres de stage pédagogues. L’installation agricole est un parcours du combattant et se former sur le terrain n’est pas si facile. C’est important car je pense qu’il faut vraiment se réapproprie les terres, et que des paysans s’installent partout afin de redonner de la résilience aux territoires. Donc bravo pour ces formations qui aident les porteur.euses de projet à s’installer.
*ADEAR : Les ADEAR ont vocation à accueillir tous les porteurs de projet et à leur proposer un accompagnement global où le projet de vie doit être pleinement intégré au projet professionnel. Pour en savoir plus : https://www.agriculturepaysanne.org/
Pour aller plus loin :
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