Idée reçue sur la nécessité du brevetage des semences
Découvrez en exclusivité un des articles « idées reçues » écrit par SOL pour l’Agenda de la Solidarité 2017 de RITIMO. L’agenda est disponible en commande sur notre site. (Voir en bas de page)
Le contrôle et le brevetage des semences au niveau international est nécessaire sur les plans économiques et sanitaires
Les semences, source de vie et de diversité, indispensables à notre alimentation mais aussi à l’équilibre de nos écosystèmes ont été au fil des années standardisées, formatées et marchandisées par l’industrie agro-alimentaire. Elles l’ont été d’autant plus à coup d’intrants chimiques (engrais, pesticides, fongicides, etc.) qui ont contribué à produire une alimentation sans goût ni qualités organoleptiques et nutritionnelles intéressantes. De récentes études montrent que 75% des espèces comestibles ont disparu en moins d’un siècle 1. Ces constats fait, on est en droit de se demander si la standardisation et la privatisation des semences et de la nature ne seraient pas des manœuvres économiques ne profitant qu’aux sociétés détentrices des brevets d’exclusivité déposés sur un patrimoine qui nous est commun.
- Quels avantages économiques y trouvent les communautés ne vivant que de l’agriculture, obligées de payer des semences, façonnées loin de leur lieu de plantation, plutôt que de simplement les reproduire sur place?
De plus, le coté non homogène des semences traditionnelles, outre le fait de préserver un équilibre au niveau de la biodiversité mondiale, permet une meilleure résistance des cultures aux contaminations et aux aléas climatiques, grâce à leur diversité.
- Quelles nécessités sanitaires, prônées par une agriculture industrielle, imposeraient de remplacer des semences locales adaptées au terrain, au climat, par des semences moins adaptées, plus fragiles qui nécessiteront plus d’engrais et de pesticides?
- Peut-on considérer le brevetage comme une réelle solution quand on met en parallèle l’impact (connu et à découvrir) sur la santé des personnes qui sont en contact avec les intrants chimiques?
La semence (traditionnelle) est le lien entre « la vision, le savoir, les pratiques et la culture des communautés » d’un côté et la souveraineté alimentaire et l’autonomie paysanne de l’autre2.
C’est cette autonomie que l’agroécologie cherche à redéployer en privilégiant les connaissances et pratiques paysannes. Il ne peut en effet y avoir d’agriculture pérenne, saine et respectueuse de l’environnement sans un travail de fond sur la réappropriation de ces savoirs paysans permettant de sauvegarder une « biodiversité cultivée » foisonnante.
Les variétés anciennes, inféodées, locales, sont le gage d’une alimentation saine et biologique et contribuent à la préservation de la biodiversité, des écosystèmes. Les alternatives préservant les semences traditionnelles n’attendent plus que notre soutien pour changer la donne.
En savoir plus sur le projet Birofermes Internationales et son volet de conservatoire des semences…
Découvrir et commander l’agenda 2017 de la solidarité internationale co-écrit par SOL…
1) chiffres ONU – FAO
2) Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies, 2014